( Extrait du N° 23 de l'AGFH réalisé en 1989 )
Melle SERVANT, en préparant son diplôme d'archiviste-paléographe, a relevé toute une liste de Bourgeois de Valenciennes, dont nous vous donnons communication après quelques explications sur les conditions d'admission et vie des Bourgeois de Valenciennes, d'après les "Mémoires historiques de la Société d'Agriculture - L. CELLIER".
A Valenciennes, l'accession à l'état de Bourgeois est un privilège qui, suivant la tradition, remonterait à l'empereur Valentinien (IVème siècle). Dans le but de faciliter l'augmentation de la population d'une ville qu'il avait fait restaurer, celui-ci offrait l'asile aux serfs étrangers y ayant habité durant un an et un jour. Ainsi affranchis, ils pouvaient prétendre à devenir Bourgeois. Leurs seigneurs ayant laisser écouler ce délai, perdaient leurs droits.
En plus de son séjour d'un an et un jour, le prestataire avait quelques formalités à accomplir :
Il devait être accompagné de deux habitants de Valenciennes, Bourgeois eux-mêmes et se présenter devant le Prévôt ou son Suppléant pour répondre à une série de questions au cours d'un interrogatoire. Après son acquiescement le Magistrat faisait prêter au nouveau Bourgeois, main levée en direction de l'Abbaye de St Jean (où se trouvait des reliques célèbres) le serment ci-après, recueilli d'après un registre des Choses communes :
"OTTEL serment que le Comte Jehan fist de la paix à tenir je le tiendray, ainsy m'aide Dieu, Saint Jehan et les aultres ; sy promect de comparoir par devant la justice pour faire et porter bon et léal tesmoignage d'entre homme et homme, femme et femme, et homme et femme, touttefois que requis seray ; aussy de comparoir à touttes scemonces de Conseil et de celler tout ce qu'il y sera dict audict Conseil et de dénuncher les ennemis de la ville sy avant que le polray sçavoir."
Le Prévôt reprenait :
"Cy jurés, par vostre foy et serment, que vous porterés loyal tesmoignage entre homme et homme, femme et femme, homme et femme, femme et homme, partout où vous serés requis". Enfin il lui faisait jurer que "s'il sçavoit en quelque tampz nul grief, contratiété, ne villenie aulcune au corps de la ville, ne as Prouvos ne Jurés, quiconques le soient, il venroit en leur ayde et confort ; et s'il ne pouvoit venir il leur feroit sçavoir le plus brief qu'il pourroit."
Il est à noter aussi que, d'après la loi communale, tout fils de Bourgeois ayant atteint 15 ans, était tenu de "jurer la paix".
Après son passage à l'état de Bourgeois, le serf ou le forain devait payer à partir de 1497 un droit d'entrée au profit de la commune. En échange et à partir de ce moment-là la commune lui devait aide et protection ; il était admis au partage des franchises dont jouissaient les enfants de la cité et ces franchises étaient considérables au point d'exciter la jalousie des autres villes du Hainaut.
D'abord le Bourgeois de Valenciennes était affranchi de maintes redevances, onéreuses et vexatoires de vinage, pontenage ... dans toute l'étendue du chef-lieu.
Il pouvait en outre porter des armes de guerre alors que cette autorisation était refusée à tous les habitants du Hainaut. Devant la Bourgeoisie valenciennoise puissante le Grand Bailli du Hainaut lui-même était sans pouvoir, dans bien des cas.
Ensuite un autre droit : l'adjour ou abattis de maison, c'est à dire la destruction de châteaux de seigneurs ou maisons de paysans. Châtiment spécial réservé aux coupables d'avoir battu, lésé, blessé ou tué un Bourgeois de la ville de Valenciennes.
Au XVème siècle, en désaccord avec les idées de progrès la coutume des abattis de maisons en même temps que les duels judiciaires fut abolie.
L'égalité la plus complète entre les citoyens existait devant la loi, mais pas toujours dans les mœurs ; pourtant il y avait une caste patricienne composée de Bourgeois enrichis par le négoce, "qui ne faisoit aucun refus de s'allier avec eux, espousant leurs enfans et leur donnant réciproquement leurs filles en mariage".
Ces roturiers, d'après d'Oultreman avaient l'orgueil de dédaigner les titres "ceux d'entre-eux qui avoient été anoblis, chérissoient tant le titre de Bourgeois qu'ils ne l'oublioient jamais et aimoient bien d'estre qualifiés "honnorables" pastôt que "nobles". Simon de Marlis, Jean son fils, Jean de Valenciennes, Jean de Quarouble, Jean Gouchet, Jacques Partit, Jean Bougier et beaucoup d'autre semblables furent chevaliers, qui néanmoins en tous leurs contrats et actes publics s'appelèrent toujours Bourgeois de Valenciennes".
Ces patriotes locaux cherchaient de préférence l'appui de la population en prodiguant au peuple fêtes et spectacles somptueux et en se montrant intraitables sur le fait des franchises de la ville.
De cette façon, et par de tels moyens, certaines familles avaient assez d'influence pour faire ériger leurs maisons en lieux d'asile dites "maisons fortes" leur abolition date de 1337.
Cependant, les Bourgeois n'avaient pas le droit d'exploiter ou même de posséder des tavernes ou brasseries à moins d'une lieue au-delà des limites du territoire valenciennois.
Ils ne pouvaient également quitter la ville pour aller habiter ailleurs, sans congé du Magistrat et ceci jusqu'au règne des Princes de la Maison d'Autriche. Cette disposition était un legs des temps carolingiens, en effet Charlemagne disait dans son testament "que nul homme franc, subject ou vassal d'un des roys ses enfans, ne peust quitter son seigneur pour aller servir l'autre ou demeurer en ses terres et que celui-cy se gardast bien de le recevoir".
Maryse BOUDARD (AGFH N° 9)
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